
INTRODUCTION
LES DEFAUTS
VISUELS
LES DEFAUTS
OLFACTIFS
LES DEFAUTS
GUSTATIFS
Le
vin est une matière vivante en perpétuelle évolution. Le vin naît d’une matière
plus ou moins noble et meurt comme tout autre être vivant. Au cours de sa vie
plus ou moins longue, il passera par différents stades d’évolution et sera
tributaire des conditions de stockage
Les
tableaux présentés ci-dessous vont successivement analyser les défauts des vins
du point de vue visuel, olfactif et gustatif. Nous chercherons dans la mesure
du possible de donner les causes des défauts constatés.

Comme
présenté dans le cours de base, nous avons appris à analyser le vin suivant les
critères suivants :
-
Limpidité :
un défaut de limpidité (présence de trouble) trahit un problème au cours de
l’élevage du vin. On parle de casses métalliques pour signaler un excès de
cuivre ou de fer qui entraîne un trouble bleuâtre dans les rouges et
blanchâtre dans les blancs ; de casse oxydassique ou brune, due à une vendange
pourrie, provoquant une coloration brunâtre du vin
ê
Ne pas confondre la présence de trouble avec la présence de cristaux de tarte
ou un dépôt de matière colorante au fond de la bouteille, signes que le vin
n’a pas été filtré
-
Maladie de la fleur:
apparition d'un voile blanchâtre à la surface du vin au contact de l'oxygène.
Le vin est partiellement troublé et la pellicule adhère au verre. Au nez le
vin est oxydé et en bouche il apparaît aqueux et plat. Cette maladie est
causée par une levure (candida mycoderma) qui transforme l'alcool (éthanol) en
un aldéhyde, l'éthanal (odeur de pomme blette). A noter que la fleur est
recherché dans les vins non ouillés oxydatifs du Jura
-
Eclat :
l’éclat ou la brillance est l’aptitude du vin à réfléchir la lumière et
reflète la bonne acidité du vin
-
Fluidité :
un défaut de fluidité (le vin est excessivement lourd quand on le fait
tourner) peut être le signe d’une insuffisance de protection du vin en SO2
(anhydride sulfureux)
ê
On
ne jugera pas de la même façon la fluidité d’un vin blanc sec ou d’un
liquoreux où la teneur en glycérol et sucres est beaucoup plus importante,
imprimant naturellement une fluidité amoindrie
-
Effervescence :
c’est un défaut pour les vins tranquilles (sauf si la présence de CO2 est
recherchée par le vigneron pour amener un peu de fraîcheur dans un millésime
blanc particulièrement « chaud »)
ê
Si
la présence de bulles dans un vin tranquille ne disparaît pas après agitation,
aération et/ou transvasement dans un autre récipient après quelques minutes,
c’est que le vin a pu entamer une seconde fermentation non désirée après
l’embouteillage (ce qui est malheureusement un risque lorsque l'on recherche à
minimiser la dose de SO2)

|
 |
Vin refermenté en bouteille:
le vin est trouble et présente un dégagement gazeux (CO2). Au nez, il
rappelle un vin oxydé avec des notes de pomme blette |

-
gerbeuse:
uniquement pour les vins effervescents. Très fort excès de mousse lors de
l'ouverture de la bouteille due à une précipitation d'acide tartrique en
bouteille. En effet, le sel déposé(bitartrate de potassium) crée
autant d'aspérités qui va donner naissance à de la mousse en excès
-
Reflets
verts: la présence de reflets verts dans un vin blanc est un signe de
manque de maturité des raisins à la récolte et / ou à la présence de matière
végétale (rafle, feuille) et donc de chlorophylle
N Interprétation:
Toujours négatif. Il est bon de noter que la couleur verte dans un vin blanc
ne disparaît pas dans le temps. Elle
est moins visible car la couleur jaune s'intensifie. La chlorophylle demeure
-
la graisse: déviation due aux
bactéries lactiques (pediocus) qui s'entourent de colloïdes (fermentation
malo-lactique en bouteille) et dégradent l'acide malique en acide galacturonique
et mucilage (dextrane...). Se manifeste par un vin trouble visuel sous forme
de filaments blanchâtres dans le vin (macromolécules responsables sont des
mucilages comme les
dextranes) lui donnant un aspect huileux, visqueux, filant. Peut être éliminé en cave en faisant
chuter le vin sur une grille inox afin de casser ces dextranes

(la graisse)


-
Odeur de bouchon :
due le plus souvent à la mauvaise qualité du bouchon et l'apparition du TCA
(trichloro-2,4,6-anisole), qui contamine la totalité du vin
N
Interprétation : Certains problèmes de bouchon sont liés au fait que les
bouteilles à peine bouchonnées sont couchées sans attendre quelques minutes.
Ceci provoque un léger «écoulement de vin le long de la paroi du bouchon (qui
n’a pas encore retrouvé sa forme originelle après avoir été compressé
fortement pour pénétrer la bouteille), source de contamination future avec
l’air par capillarité.
Astuce: après avoir débouché une bouteille, amusez vous à sentir le cul du
bouchon. Dans un vin normal, il sentira le bouchon et le vin. Dans un vin
bouchonné, il ne sentira qu'une odeur forte de liège
On distingue les vrais goûts de bouchon (liège prélevé sur un chêne
malade ou lié à un problème de stockage du liège en bale dans la forêt) des
faux goûts de bouchon, liés soit à une erreur de mise en bouteille (voir
plus haut) ou à une contamination par le chlore (TCA). Noter qu'en pratique,
ces deux familles de goût de bouchon ne sont pas distinguables ni à l'odorat,
ni à la dégustation.
N
Caisse en bois (type bordeaux) et goût de
bouchon:
Il est fortement déconseillé de stocker ses belles bouteilles de bordeaux dans
les caisses bois d'origine (surtout si vous les tenez fermées ou entassées les
unes sur les autres) car non seulement le bois absorbe l'humidité de l'air
ambiant aux dépens du bouchon, mais aussi surtout parce que ces dernières peuvent avoir subi des
traitements au chlore et pourraient entraîner des goûts de bouchon.

-
Odeur d’oxydation :
si elle est recherchée pour certains vins (Porto, vin jaune), elle est un
défaut produit par une oxygénation lente et prolongée du vin. La noix, des
notes madérisées ou l’odeur de pomme très mûre / blette sont typiques d’un vin
oxydé. Un vin oxydé a toujours un nez expressif et ouvert.
N
Interprétation : Le caractère oxydatif ne s’atténue généralement pas à
l’oxygénation, sauf dans le cas des liquoreux (où il y a une très grande
concentration), signe d’un très grand vin
Il existe différents degrés d'oxydation:
(1) vin fatigué: vin qui a perdu de son intensité
odorante et de la finesse du fruit suite à un soutirage, une filtration ou un
transport. Au repos, il reprend en général sa fraîcheur première
(2) vin mâché: prend le goût de fruit mâché, blessé
suite à des transvasements
(3) un vin éventé: c'est un stade plus éprouvé que les
précédents car il a subi en plus des effets précédents une évaporation. Le mal
s'accentue en quelques jours
(4) vin oxydé: état d'oxydation prolongé qui souvent
est irréversible
(5) vin madérisé: un vin qui a dépassé sa plénitude ou
qui a vieilli dans de mauvaises conditions au contact accidentel de l'air. Les
vins blancs jaunissent et les rouges brunissent. Les vins perdent leur
fraîcheur et prenne une amertume et le goût de pomme blette
Remarque sur le goût de rancio: il est à noter que l'effet rancio
(notes nobles de pommes et de noix sèches) n'est pas un défaut oxydatif mais
est recherché notamment dans certains vins doux naturels (l'alcool à partir de
16 degrés tue les micro-organismes néfastes de l'oxydation).

-
Odeur de réduit :
La réduction est le phénomène inverse de l’oxydation. Elle se caractérise par
une odeur de renfermé, de moisi, de champignons, de serpillière (vins jeunes
laissés trop longtemps sur leur lie de fermentation), de pneu, d’ail &
d’oignon (signe d’une vendange mécanique), de sueur voire de cuir. Dans
certains cas l’odeur de pierre à fusil et de fumée peut trahir une réduction
du vin. En général, le caractère réduit doit s’estomper après aération. Les
odeurs de réduction proviennent de dérivés soufrés, qui apparaissent
préférentiellement sous l'action de la lumière solaire.
On distingue différents degrés de réduction:
-
1er
stade: odeur de soufre du groupe SO2. L'odeur irrite et pique au nez et
si le dosage est excessif, il peut se caractériser par un mal de crâne. Noter
que l'anhydride sulfureux (SO2) est très utilisé dans l'industrie
agro-alimentaire et est repéré sur les emballages par le code international
E220
-
2eme stade: odeur d'oeuf pourri (H2S),
ou mercaptan, résultat de la réduction d'un excès de SO2 (sulfitage
excessive) par les levures de la fermentation alcoolique. Cette odeur peut par
exemple apparaître à la suite du exposition prolongée à un éclairage au néon
(par exemple en supermarché)
-
3ème stade: odeur d'ail, d'oignon
(R-SH formé par un excès de SO2 qui réagit avec l'éthanol du vin pour
donner éthanethiol). A ce stade, l'odeur de réduction est irréversible et ne
peut disparaître après aération
-
4ème stade (réduction avancée): odeur de
choux fleur cuit (R-S-R')
N
Test à effectuer pour confirmer un diagnostic de réduction: mettre une pièce
de monnaie en cuivre dans le vin. Les molécules nauséabondes se fixent à sa
surface et l'odeur de réduction disparaît en quelques minutes (bien sûr dans
les cas de réversibilité). En effet, le cuivre est catalyseur de la réaction
inverse à la réduction: l'oxydation.
ê
Remarque sur l'odeur de cuir: apprendre à distinguer l'odeur du cuir de
Cordoue (celui des ceintures, odeur animal peut plaisante), de celle noble
du cuir de Russie (la meilleure façon de la sentir est de sentir un sac
Hermès!)
ê
La réduction olfactive peut aussi se signaler en bouche par une réduction
gustative (par exemple par des odeurs métalliques). Voir
ci-après.

-
acidité volatile:
attention,
l'acidité volatile ou "volatile" n'est pas forcément un défaut en temps
que tel. C'est un accélérateur aromatique. C'est un véritable révélateur
d'arômes notamment pour les vins liquoreux où les arômes sont emprisonnés dans
les sucres. Par contre, un excès de volatile est un défaut rédhibitoire et sa
teneur est légalement contrôlée:
|
Taux max de
volatile
(exprimé en H2SO4) |
Vin Blanc |
0.88 g/l |
Vin Rouge |
0.98 g/l |
Liquoreux |
1.225 g/l |
Ainsi un vin blanc contenant plus de 0,88 g/l d'acidité volatile (0,98 g/l
pour les rouges et 1,225 g/l pour les liquoreux) n'est plus commercialisable
et est destiné à la vinaigrerie ou à la distillation.
L'acidité volatile est naturellement produite par
-
les levures au cours de la fermentation alcoolique (typiquement de l'ordre de
+0.25 g/l en H2SO4)
-
les
bactéries lactiques au cours de la fermentation malo-lactique
-
l'élevage en barrique
-
la
piqûre lactique
L'acidité volatile se
décompose en deux éléments:
(1) l'acide acétique
(2) l'acétate d'éthyle
(1) l'acide acétique provient d'un
mauvais état sanitaire et / ou trituration du raisin. En effet, un raisin
abîmé connaîtra un contact jus / pulpe. Ce qui entraînera une fermentation
alcoolique sur la baie. Le "vin" produit sur la baie sera piqué et tournera au
vinaigre (ou acide acétique) au contact de l'air et des bactéries acétiques
(en temps normal, le vin est soutiré et soutiré après F.A. et le vin ne tourne
pas au vinaigre)
(2) .l'acétate d'éthyle est un ester qui résulte de la réaction
d'estérification suivante:
acide + alcool <> ester + H2O
acide acétique + éthanol <> acétate d'éthyle + H2O
Origine de
l'acétate d'éthyle:
- souche de levure
- condition de fermentation
alcoolique (F.A.): une température élevée favorise la production d'acétate
d'éthyle et donc de volatile
- condition de stockage de vos
bouteilles: une température élevée favorise la production d'acétate d'éthyle
et donc de volatile
- la fermentation malolactique
augmente la production d'acétate d'éthyle et donc de volatile
- l'élevage du vin en barrique
/ pièce, par le jeu des échanges d'oxydo-réduction, augmente la production
d'acétate d'éthyle et donc de volatile
L'odeur de l'acétate d'éthyle rappelle le solvant, le vernis ou la "colle
scotch" et si elle est ressentie fortement, signifie que le vin est "piqué".
On parle alors d'acescence
ou maladie de la piqûre acétique.
Outre la quantité en g/l
de volatile, ce qui est primordial est de connaître la proportion d'acide
acétique et d'acétate d'éthyle:
Un vin comprenant 95% d'acide
acétique et seulement 5% d'acétate éthyle est acceptable olfactivement par
contre un vin contenant 30% d'acide acétique seulement et 70% d'acétate éthyle
est imbuvable (l'odeur de colle scotch est archi-dominante)
-
Odeur vinaigrée
(piqûre acétique) :
résulte de la formation d’acide acétique (vinaigre) dû à une oxydation
prolongée, provoquant une infection du vin par les bactéries acétiques (voir
acidité volatile ci-dessus)
N
l'acide acétique existe que très rarement seul dans le vin. Il se transforme
en acétate d'éthyle lorsqu'il se combine avec l'éthanol.

-
Odeur herbacée :
odeur d’herbe, d’humide ou de foin, due à des phases de macération trop
insistante et/ou à un mauvais tris avant pressurage (présence de matière
végétale telle que des débris végétaux, feuilles, raisins pourris)

-
Bonbon
anglais ou banane :
odeur typique de l'acétate isoamyle ou amylique. Elle est due à une
fermentation prolongée à basse température et est le résultat d'une
estérification enzymatique rapide
-
Géranium :
odeur provenant d’un apport en acide sorbique (stabilisateur), décomposé par
certains micro-organismes
-
Odeur de lies :
vin mal soutiré, conservé trop longtemps sur ses lies
-
Pipi de chat :
très significatif du cépage Sauvignon récolté avant maturité
-
Poivron vert :
très significatif du cépage Cabernet Sauvignon récolté avant maturité
-
caoutchouc / odeurs pharmaceutiques / manque de pureté aromatique ou gustative
en fin de bouche: un nez ou une saveur de ce type peut être la marque que
les raisins sont issus d'une vigne en stress hydrique. Ce n'est donc pas un
problème de vinification mais un problème de structure des sols (viticulture)
-
La
mannite: Mécanisme proche de la
piqûre lactique sauf que dans ce cas les
bactéries lactiques dégradent le fructose pour donner naissance au mannitol, à
l'odeur marquée de fromage
-
Maladie
de la tourne: se développe lorsque les bactéries lactiques (coudées)
dégradent l'acide tartrique pour donner naissance à de l'acide propionique, à
l'odeur de souris
-
L'amertume: se développe lorsque les bactéries lactiques dégradent le
glycérol pour donner naissance à l'acroléine, à l'odeur de beurre rance
ou d'huile brûlée

Nous
ne parlerons pas ici ni des défauts liés à un déséquilibre du vin en bouche
(voir cours de base), ni des défauts olfactifs mentionnés ci-dessus qui
pourraient se retrouver en bouche (exemple, le goût de bouchon).
-
Amertume :
un excès d’amertume peut être lié à la présence de matière végétale dans les
moûts (débris végétaux, feuilles, raisins pourris)
-
Eventé :
goût provoqué par des vins ayant séjournés en vidange (mauvais ouillage), dû à
la transformation d’éthanol (alcool) en éthanal

-
Cuve / ciment :
goût amené par des récipients mal entretenus
-
Métallique: une acidité métallique peut être due à de la réduction.
Effectuer le test au cuivre (ajout d'une pièce jaune) pour voir si ce goût
persiste. Si il disparaît , c'était de la réduction
-
Futé :
goût amené par des récipients en bois altéré ou moisi
-
Pourri :
goût de pourri provenant de raisins atteints de pourriture grise
-
Piqûre lactique: vin est aigre-doux: aigreur
causée par la présence d'acide acétique(acidité volatile) et doux car des
sucres résiduels sont présents. La piqûre lactique naît lorsque la
fermentation malo-lactique se déclenche sur un vin ayant des sucres résiduels
(en particulier du glucose)
|