AUTREMENT:

L'odorat sens dessus
dessous

 

 

 

Introduction

 

On pourrait penser que nos cinq sens opèrent de manière totalement indépendante les uns des autres et que par exemple ce que l’on ressent n’est aucunement lié à ce que l’on voit. Ou encore, qui pourrait imaginer que  notre vision de l’espace et notre odorat  soient liés?

 

Quelques expériences troublantes nous chamboulent dans nos certitudes et pourraient bien révéler que la nature se joue de nos sens d’une façon beaucoup plus complexe et interdépendante que l’on l’avait imaginé…

 

Nous allons examiner quelques unes des interdépendances entre l’ouïe, l’odorat et la vue (en rouge sur le schéma ci-dessous). A vous de découvrir les autres…

 

Schéma – Interdépendance des sens

 

 

  

l’odeur des couleurs

 

L’expérience :

 

Un vin blanc est servi à l’aveugle à un panel de dégustateurs avertis. Le vin est servi dans un verre de type INAO transparent. On demande aux dégustateurs de faire leur analyse sensorielle du vin. Les dégustateurs confèrent  à l’unisson au vin des notes typiques des vins blancs : poire, pomme, citron…

 

A l’insu des dégustateurs, le  même vin est resservi mais après avoir été teinté d’un colorant inodore et insipide, faisant virer le vin blanc en vin rouge. A l’issue de la deuxième dégustation, les dégustateurs caractérisent cette fois le vin par un vocabulaire propre au vin rouge : notes de fruits rouges, fraise, cerise…

 

Interprétation :

 

Huile Extra Vierge de Contursi Terme (SA) ItalieLa compétence des dégustateurs n’est pas à mettre en doute. Il s’agit réellement d'un tour que nous joue notre cerveau. En matière de dégustation de vins, l’œil prime sur le nez. C’est bien l’œil (ou l’univers visuel) qui oriente le nez (ou l’univers olfactif). Comme si l’odeur se construisait dans le cerveau… En outre, il a été constaté que le nez est seulement capable à hauteur de 60% de reconnaître un vin blanc d’un vin rouge.

 

Cela donne envie de déguster des vins dans le noir absolu.

 

 

La vision de l’espace et l’odorat

 

L’anecdote suivante est relatée dans le livre « L’homme qui entend les parfums  - L’étonnante redécouverte de Luca Turin» de Chandler Burr (Editions Autrement, Paris, 2004).

 

C’est l’histoire de Janet  Rippard, infirmière vivant dans la campagne écossaise. Le chercheur Luca Turin la rencontre en 1995 et diagnostique une cacosmie : un désordre olfactif qui engendre une corruption systématique de toutes les odeurs perçues. Dans son cas, où qu’elle aille et tout ce qu’elle sent (thé, gâteau, fleurs, fumée, même la vapeur d’eau) dégage une odeur répugnante, fétide, d’égout. Tout ce qu’elle l’entoure, y compris sa propre odeur corporelle, sent terriblement mauvais, comme le caoutchouc  brûlé, le cheveu carbonisé, le vomi chaud.

 

C’est alors que le chercheur en biophysique a l’intuition géniale et diagnostique une épilepsie du bulbe olfactif (un épileptique échoue à atténuer les signaux nerveux des stimuli et au lieu de les abandonner après les avoir traités, ils perdurent). Il lui recommande donc un traitement contre l’épilepsie.

 

Quelques jours après, alors que petit à petit, elle retrouve un fonctionnement normal de son odorat, voici comment est relaté ce que ressent  la patiente :

 

« Puis, au cours de l’après-midi (…) alors qu’elle se tient tranquillement assise sur son sofa, Janet Rippard note une légère modification dans l’aspect de la pièce où elle se trouve. Elle jurerait que la dimension des murs change, imperceptiblement, que l’espace adopte une nouvelle géométrie, que le rapport entre les objets évolue. Soudain, elle comprend que les odeurs ont retrouvé leur parfum d’autrefois. »

 

Et l’auteur de conclure : « Les modifications qu’observent Janet Rippard dans la perception de l’espace qui l’entoure ne surprennent absolument pas Luca. Evidemment. Personne ne s’étonne qu’une altération de la vision ou de l’ouïe perturbe l’appréhension des dimensions d’une pièce. L’odorat fonctionne de même. Il vous situe physiquement, vous met en relation avec d’autres éléments de l’espace et du temps. »

 

 

 

l’odeur des sons / Le son des odeurs

 

Le livre « L’homme qui entend les parfums  - L’étonnante redécouverte de Luca Turin» de Chandler Burr (Editions Autrement, Paris, 2004) présente une théorie vibrationnelle du mécanisme primaire de l’odorat. Il ouvre donc la porte sur des interactions inattendues, toutes placées sous le signe des vibrations. Ainsi pouvons-nous imaginer une lecture olfactive des sons ! C’est-à-dire analyser la vibration sonore d’un point de vue d’une vibration olfactive.

 

Sentir des notes de musique ? Ou créer une œuvre musicale s’inspirant de parfums ? La porte est ouverte à l’expérimentation… Ainsi le compositeur Howard Skempton a composé un concerto pour accordéon, hautbois et cordes s’inspirant de l’odeur de la vanille et du vétiver!

 

 

Le son des couleurs / La couleur des sons

 

Choisissez une couleur (par exemple le bleu) et rechercher un ensemble de morceaux de musique qui vous fasse penser à cette couleur. Telle a été la démarche d’un ami d’Altervino qui a composé un CD Bleu regroupant des styles de musique au combien variés (le blues bien sûr, mais aussi des tam-tam, de la musique classique, du rock…).

 

Inversement, la prochaine fois que vous êtes allongés tranquillement sur votre lit, prêt à vous endormir, soyez attentif à la couleur des sons : un bruit sec et violent pourrait bien s’associer à un flash blanc, le bruit d’une averse de pluie à la couleur bleue ?

 

Expérimenter, écouter, regarder…

  

 

   

[Cours de dégustation] [Autrement] [Liens] [Bibliographie]
© Altervino - 2006